Un arbre est tombé sur les caténaires à Garancières, ce qui a interrompu le trafic sur l'axe Dreux. Je vous propose de revenir sur le déroulement de cette soirée qui a été difficile pour bon nombre d'entre vous.
18h44 : sur la voie 2 (vers Paris), un conducteur signale une perte de tension électrique sur son train.
Ce conducteur était à la tête d’un train en direction de Paris lorsque l’événement s’est produit. Au bout de quelques minutes, l’alimentation électrique revient dans la zone concernée, ce qui lui permet de repartir.
18h49 : sur la voie 1 (vers Dreux), un autre train se retrouve arrêté en pleine voie.
Ce train DAPO (Paris-Montparnasse 17h58 > Dreux 19h09) se situait entre Garancières – La Queue et Orgérus – Béhoust à ce moment-là et s’est également arrêté suite à cette absence d’alimentation électrique. Néanmoins, l’agent en charge de l’exploitation des installations électriques ne parvient pas à réalimenter le sous-secteur électrique de Neauphle, qui alimente la voie 1 en électricité. Des équipes sont avisées afin de se rendre sur place, rechercher la cause de ce dysfonctionnement et prendre en charge les voyageurs dans ce train.
19h22 : le TER 16515 est retenu en gare de Villiers – Neauphle – Pontchartrain.
Vu que la voie 1 est occupée par le train DAPO évoqué ci-dessus, le TER 16515 (Paris-Montparnasse 18h13 – Argentan 20h32) qui le suit n’a pas la possibilité de le dépasser. Il doit être retenu en gare de Villiers – Neauphle – Pontchartrain.
Entre temps, une personne a signalé la chute d’un arbre sur la caténaire (le câble suspendu qui alimente les trains en électricité) entre Orgérus – Béhoust et Garancières – La Queue.
La gendarmerie, elle, signale la chute d’un arbre sur la caténaire peu après la gare d’Orgérus – Béhoust mais en direction de Tacoignières – Richebourg.
Des vérifications sont donc effectuées aux deux endroits mais finalement, il s’avèrera par la suite que le seul arbre tombé est celui signalé par la gendarmerie. Il repose sur la caténaire mais celle-ci n’a pas chuté.
En parallèle, les équipes contactent le service en charge de trouver des bus de substitution. Malheureusement, aucun bus n’est disponible ce soir. Elles vont donc solliciter la préfecture.
19h30 : les voyageurs du train DAPO descendent sur les voies.
Comme prévu par les procédures de sécurité, une alerte radio est émise. Étant donné que le trafic est déjà interrompu, cette alerte de sécurité n’a pas d’incidence supplémentaire sur le trafic. Néanmoins, elle déclenche des procédures de sécurité supplémentaires qui mobilisent des équipes en plus. L’objectif est d’éviter tout sur-incident, d’autant plus qu’à ce moment-là, il n’y a aucune garantie que l’arbre ne va pas brusquement tomber d’un moment à l’autre. Si le cas se produisait, il entraînerait la caténaire dans sa chute, avec donc un risque pour les voyageurs.
19h35 : un technicien caténaire arrive sur les lieux.
En complément de l’intervention du technicien, et afin d’effectuer des vérifications sur les caténaires, un train vide de voyageurs va circuler à vitesse réduite dans le sens Dreux > Paris, sur la voie 2. C’est son conducteur qui va effectuer les vérifications.
Pour cela, un agent spécialisé est avisé afin d’effectuer une première levée de doute. À la suite de celle-ci, les équipes seront en mesure de déterminer si ce train vide de voyageurs va pouvoir circuler pour effectuer cette vérification.
19h53 : la préfecture confirme que, malgré ses recherches, elle n’a pas pu trouver de bus de substitution.
21h13 : suite à la levée de doute, le train vide de voyageurs se met en circulation pour vérifier les caténaires.
21h30 : les équipes en mesure de dégager l’arbre arrivent sur place.
L’arbre, qui repose toujours sur la caténaire, ne semble pas avoir causé de dégâts apparents mais son poids le rend difficile à dégager. En outre, les équipes veillent à ce que la caténaire ne soit pas endommagée durant l’opération, afin de permettre une reprise plus rapide. Pour ces raisons, la fin des travaux est estimée à 23h30.
21h50 : le train vide de voyageurs a terminé de couvrir la zone de vérification des caténaires.
Le conducteur n’a rien constaté de particulier sur la voie 2.
En parallèle, du côté de Paris-Montparnasse, deux bus ont pu être trouvés afin de prendre en charge les 72 voyageurs de la ligne N qui se sont signalés auprès des équipes de la gare.
22h30 : l’arbre a finalement pu être dégagé plus rapidement que prévu.
Il a été entreposé dans le talus dans l’attente de sa prise en charge définitive.
22h45 : le TER 16515 ainsi que le train DAPO circulent de nouveau.
23h51 : la circulation peut de nouveau reprendre sur les voies 1 et 2 dans le secteur, et donc, sur l’axe Dreux.
Néanmoins, le contrecoup de cet incident se fera ressentir jusqu’au lendemain matin. En effet, suite à l’interruption sur l’axe Dreux, les rames et les conducteurs, dont tous les déplacements (circulations avec ou sans voyageurs, acheminement de rames vers les voies de garage…) font l’objet d’un planning bien défini en amont. Or, avec cette perturbation, ce plan de transport a été fortement désorganisé et certaines rames ne se trouvaient plus au bon endroit, au bon moment. Malgré les tentatives des équipes de rapatrier un maximum de rames sur l’axe Dreux, il n’y en a pas eu suffisamment. Cela a causé des suppressions et des modifications de desserte.
Les notions ferroviaires à retenir
Qu’est-ce qu’une sous-section électrique ?
Sur de nombreuses lignes ferroviaires, l’alimentation électrique est découpée en plusieurs sous-sections indépendantes. En cas de panne ou d’incident, ce découpage en sous-section permet ainsi d’isoler la zone concernée et d’éviter que la panne ou l’incident se propage d’un bout à l’autre de la ligne.
Que se passe-t-il en cas de chute d’un arbre sur les caténaires ?
Lorsqu’un arbre chute sur les caténaires, il est très probable que l’alimentation électrique soit coupée. Sinon, l’agent qui gère l’exploitation de l’alimentation électrique est tenu de couper le courant dans la zone concernée afin d’éviter tout incident supplémentaire, comme par exemple, un départ d’incendie si l’arbre prend feu.
Comment le périmètre de sécurité est-il établi ?
Lorsqu’un périmètre de sécurité est établi, il doit couvrir toute la zone concernée jusqu’à la levée de doute. Dans notre cas, les équipes ont reçu deux signalements contradictoires concernant le lieu de la chute de l’arbre. Le périmètre a donc couvert ces deux lieux dans l’attente de la vérification de ces signalements.
Pourquoi y’a-t-il peu/pourquoi n’y a-t-il pas de bus de substitution lors d’une interruption inopinée ?
Malheureusement, il est quasiment impossible de mettre des bus de substitution en cas d’incident inopiné, et ce, pour plusieurs raisons. Premièrement, la capacité d’un train de la ligne N équivaut à une vingtaine de bus environ. Cela signifie qu’il faudrait pouvoir trouver un très grand nombre de bus en peu de temps. En parallèle, il faut leur affecter le nombre de chauffeurs nécessaires.
Ainsi, les transporteurs auxquels la SNCF passe commande ne sont pas forcément en mesure de proposer le nombre de bus et de chauffeurs requis, et encore moins lorsque cela se fait de façon inopinée.
C’est pourquoi, par exemple, la réservation de bus de substitution lors de travaux prévus se fait en général plusieurs mois à l’avance auprès des transporteurs.
Enfin, l’acheminement d’un nombre de bus suffisant vers les différentes gares prendrait trop de temps et probablement plus de temps que l’incident lui-même. En effet, les bus commandés peuvent être basés dans toute la région et ont donc des trajets plus ou moins longs à effectuer. À titre d’exemple, lors des incidents des 25-26 juillet derniers, des bus avaient été commandés pour prendre en charge des voyageurs à Versailles-Chantiers. Or, parmi les quelques bus trouvés, l’un venait de Pontoise (Val d’Oise) et l’autre de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne).
Pourquoi y’a-t-il eu des suppressions le lendemain matin ?
Lorsqu’un incident survient le soir, les rames peuvent se retrouver coincées loin des voies de garages où elles sont affectées pour effectuer les premiers trajets du lendemain matin. Si elles ne peuvent pas rejoindre ces positions de garage, il peut effectivement y avoir des suppressions suite à ces rames qui ne sont plus au bon endroit, au bon moment. Il en est de même pour les conducteurs.
J’espère que ce retour sur incident a répondu aux principales questions que vous avez pu vous poser et je reste à votre écoute si vous souhaitez me faire part de votre vécu durant cet incident.
Bonjour Adam,
Comme d’habitude, merci de ton article, ça nous permet de mieux comprendre. J’espère qu’avec ça les usagers pourront comprendre pourquoi il ne pouvait pas y avoir de bus, car c’est ce qui est le plus souvent revenu sur Twitter.
Bonne journée,
Théo
Bonjour Théo et merci du retour 🙂
En relisant les différents messages reçus par le compte Twitter des lignes, c’est effectivement l’un des sujets qui a été le plus évoqué et c’est pourquoi j’ai souhaité y consacrer un paragraphe ici. Je n’ai malheureusement pas pu faire un thread Twitter sur cet incident car la publication de l’article (sur lequel le thread se serait appuyé) tombait en même temps que les événements qui ont affecté les circulations vendredi. Comme la situation était déjà délicate et que l’info trafic évoulait régulièrement, il n’était pas opportun de faire un thread en parallèle. Mais l’idée est toujours d’actualité 🙂
Bonne journée également !
Bonjour
rien à voir avec le sujet sur l’arbre tombé, mais depuis lundi le train queje prends à Marchezais (le 6h30) en direction de Montparnasse ralentit systématiquement entre Plaisir et Versailles ce qui fait que je rate ma correspondance de 7h25 en direction de la Défense (ligne U) alors que jusque là tout marchait impec ??
Que se passe t’il y a t’il des travaux qui entrainent ces ralentissements ou est ce le petit jeu de faire rater les correspondances à des dizaines de voyageurs (je rigole) ? Merci
Bonjour usager abandonne,
La semaine dernière, une limitation temporaire de vitesse (suite à des travaux de maintenance) touchait effectivement les trains Dreux > Paris mais à ma connaissance, cela n’aurait pas dû se prolonger au-delà de vendredi dernier. Il doit donc y avoir une autre cause : je suis en train de me renseigner pour comprendre ce qui a pu se passer. Je reviens vers vous dès que j’ai une réponse de la part de mes collègues.
Il est à noter que la notion de correspondance telle que vous la décrivez (des trains qui « s’attendent » entre eux) n’est malheureusement pas applicable en Île-de-France, en raison de la densité des circulations. Les horaires des trains sont planifiés à la décaseconde près : un train qui stationne plus longtemps que prévu pour en attendre un autre, c’est un train qui va très probablement perturber le trafic sur le reste de sa ligne et sur d’autres lignes voisines si leurs voies sont partagées. Dans notre cas, un train de la ligne U qui prend du retard peut potentiellement perturber la ligne C, la ligne N, la ligne L et même les TER (dans les cas extrêmes).
Bonjour usager abandonne,
Merci d’avoir patienté. En fait, ces deux trains ont, à un moment de leur trajet, cumulé jusqu’à 4 minutes de retard. Ils ont dû ralentir pour respecter les distances de sécurité avec ceux qui les précédaient, en particulier dans la zone Saint-Cyr/Versailles où les circulations sont nombreuses. Ces retards ont pu être « rattrapés » par la suite, au fur et à mesure de leur progression jusqu’à Paris-Montparnasse.
Merci pour l’article, c’est toujours intéressant d’avoir le détail des faits et de comprendre les implications.
Bonjour Nick060,
Merci de votre retour 🙂 Comme vous avez pu le constater à travers cet article, derrière un motif d’incident (annoncé en gare, par exemple) se « cache » souvent un ensemble d’événements complexes et imbriqués. N’hésitez pas à me faire part de vos questions, si besoin.
Bonne soirée à vous 🙂